L’appel à propositions

L’APPEL À PROPOSITIONS / / télécharger en format pdf

CULTURE ET TERRITOIRES EN ILE-DE-FRANCE
Appel à propositions de recherches territorialisées dans le cadre du programme interministériel de recherche “ Cultures, villes et dynamiques sociales ”
3ème session – Février 2008

Le programme de recherches territorialisées Culture et territoires en Ile-de-France initié dans le cadre du programme interministériel Cultures, villes et dynamiques sociales en 2004 a donné lieu à deux appels à propositions et à la sélection de huit projets de recherche (trois en juillet 2005 et cinq en février 2006)1. Certaines de ces recherches sont désormais terminées, d’autres sont en cours. Les relations entre culture et territoire y sont abordées à partir d’entrées fort diverses, et suivant des approches qui le sont tout autant.
Les premiers résultats disponibles (rapports finaux et intermédiaires) couvrent inégalement les trois axes du programme :

  • Culture et sociétés locales dans un contexte métropolitain : plusieurs recherches à caractère monographique donnent à voir les effets territoriaux d’équipements culturels et/ou de loisirs dits structurants, en termes de construction identitaire et de pratiques sociales des habitants des territoires dans lesquels ils sont implantés. Ces recherches renseignent réciproquement sur l’influence (ou l’absence de toute influence) du territoire environnant sur le fonctionnement des équipements considérés et les pratiques des équipes qui y interviennent. Les pratiques et discours de ces équipes –et plus généralement des professionnels de la culture et des artistes en voie de professionnalisation– révèlent un rapport particulier au territoire, articulant un ancrage local (ou une pluralité d’ancrages locaux) et une référence à la centralité parisienne qui demeure très présente. C’est notamment le cas dans le monde du hip-hop, l’histoire territorialisée de ce mouvement mettant en évidence un rapport complexe à la centralité historique et symbolique, mêlant attraction et résistance à la “ parisianisation ”.
  • Les pratiques culturelles dans un univers de concurrence entre pratiques : les questions posées sur cet axe, relatives aux recompositions et aux différenciations des pratiques culturelles en fonction des territoires, ne sont que partiellement renseignées par les recherches terminées à ce jour. Il en ressort néanmoins que l’analyse de la dimension territoriale des pratiques culturelles ne peut se faire sans prendre en compte les mobilités et donc les réseaux socio-techniques qui canalisent les déplacements des individus et la circulation des œuvres dans la métropole. Cette approche, traitant conjointement de l’usage des espaces physiques (équipements publics et privés, espaces résidentiels) et des supports et réseaux numériques par lesquels circulent les œuvres, est apparue particulièrement fertile pour comprendre les processus d’apprentissage et de reconnaissance artistique dans le domaine des musiques populaires (rock, rap, électro).
  • La dimension culturelle du développement économique métropolitain est traitée par deux équipes dont les projets en cours de réalisation portent sur les industries de la création, abordées suivant des approches complémentaires : une approche sectorielle (entreprises culturelles) traitée sous l’angle spatial (districts culturels) ; une approche territoriale, considérant les milieux innovateurs et leurs réseaux dans la métropole (clusters culturels).

Les débats suscités par ces recherches ont conduit le comité de pilotage2 du programme Culture et territoires en Ile-de-France à décider du lancement d’une troisième et dernière session d’appel à propositions de recherches, parallèlement à l’engagement d’un travail de diffusion des recherches terminées. L’année 2008 correspond donc à une année de transition du programme, vers une phase de capitalisation et de valorisation des travaux réalisés depuis 2005, en direction des collectivités locales et plus largement des acteurs franciliens des politiques culturelles et d’aménagement.

Les projets susceptibles d’être réalisés sur une période courte (9 à 18 mois) seront de ce fait privilégiés. Le comité de pilotage souhaite disposer des résultats de l’ensemble des recherches en 2009, pour tirer des enseignements transversaux et organiser une valorisation d’ensemble du programme.

Les projets devront toujours s’inscrire dans le cadre problématique et les trois axes du programme de recherches territorialisées définis en 2005 (cf.infra). Seront néanmoins privilégiés les projets à même d’apporter des éclairages sur les questions laissées de côté par les recherches en cours, ou sur les questions nouvelles issues de celles-ci. Deux questions, qui traversent les trois axes du programme, retiendront tout particulièrement l’attention du comité de pilotage : les mécanismes de prescription culturelle et les relations entre polarité culturelle et centralité urbaine dans la métropole.

  • Les mécanismes de la prescription culturelle dans un univers métropolitain La métropole se définit par le croisement de multiples réseaux de diverses natures, traversant toutes les échelles. Comme ailleurs, mais beaucoup plus qu’ailleurs, les rapports entre le proche et le lointain y sont bouleversés par l’explosion des mobilités matérielles (transports), corporelles (déplacements) et numériques (circulation de l’information), qui assurent la présence de la société-monde en tous points de la métropole. Ces évolutions ne conduisent pas à une homogénéisation culturelle autour d’une culture métropolitaine globalisée, tant il est vrai que cette présence de la société-monde n’est pas homogène dans toute l’Ile-de-France, agrégat de territoires différenciés et interdépendants. Les mobilités ne conduisent pas plus à une déterritorialisation des phénomènes sociaux et culturels, mais à une transformation de leur inscription dans l’espace. Le réseau internet, dont l’usage se massifie et se diversifie, contribue fortement à ces évolutions. En permettant la mise en relation instantanée d’individus, de groupes, de contenus et d’instruments sans liens territoriaux apparents, il interroge une série de notions structurantes des politiques culturelles : la proximité et l’accessibilité bien sûr, mais aussi la prescription.

Cette dernière notion de prescription renvoie implicitement à une conception hiérarchisée de l’ordre culturel : les politiques culturelles locales et leurs acteurs auraient pour rôle de conduire les habitants d’un territoire vers des œuvres artistiques et des pratiques culturelles dont la valeur relative serait définie hors-sol. Cette approche rend difficilement compte de la complexité des structures de circulation et d’influence dans la sphère culturelle. Les mécanismes de la prescription sont complexes, les hiérarchisations fluctuantes, mises en débat dans diverses arènes. La pluralisation des normes et la recomposition des hiérarchies, qui s’organisent à partir de scènes locales ouvertes sur le monde, de mondes sociaux structurés par les mobilités et de marchés internationalisés, bousculent les politiques locales de la culture. Certains de leurs acteurs pourraient être tentés par des postures de retrait, laissant au marché et à la sphère privée le déploiement des connexions, des références et des consommations culturelles pour se replier sur l’administration locale d’un ordre culturel aux hiérarchies lisibles et aux équipements identifiés, au risque d’utiliser les instruments de la démocratisation culturelle contre la diversité et l’ouverture au monde. Les politiques culturelles locales peuvent inversement chercher à garantir l’égale possibilité d’accès à la pluralité des instruments de la socialisation culturelle, ouvrant des opportunités à chacun de se construire, entre références mémorielles et possibilités créatives, entre expression de la diversité et attention à l’ethnicisation des rapports sociaux, entre dématérialisation des supports et inscription dans des lieux.

Les mécanismes de la prescription culturelle, les modalités de hiérarchisation des œuvres et d’accès à celles-ci se diversifient, se complexifient et se fragmentent. Il est attendu des projets de recherche qu’ils apportent des éléments de compréhension de ces mécanismes et de la manière dont ils se recomposent en fonction des individus, des communautés et des territoires : comment s’articulent les ressources localisées dans les territoires et celles offertes par le web pour l’accès aux œuvres et leur hiérarchisation ? Ces hiérarchisations varient-elles en fonction des canaux, faisant apparaître des processus de prescription concurrents et/ou complémentaires ? Peut-on identifier une spécificité de la prescription locale, voire une capacité innovatrice qui lui serait propre ? Quelle est l’influence des communautés affinitaires qui se construisent au travers de divers sites, forums et autres réseaux sociaux sur les pratiques culturelles de leurs membres ? Ces communautés souvent qualifiées de virtuelles le sont-elles vraiment ?

  • Les relations entre polarité culturelle et centralité urbaine dans la métropole francilienne La globalisation définit de nouvelles centralités à l’échelle planétaire. Paris et sa région urbaine font partie d’un réseau de métropoles à la fois intégrées par les flux et en compétition pour l’attraction de diverses ressources (sièges sociaux, institutions et événements internationaux, créateurs, chercheurs, étudiants et touristes…). La métropolisation francilienne correspond ainsi à un renforcement de la centralité parisienne, qui combine centralité d’échelle régionale, nationale et mondiale. L’Ile-de-France ne se réduit cependant pas à cet hyper-centre où se concentrent et s’imbriquent un ensemble de fonctions et d’emplois dits “ supérieurs ” ; elle réunit de nombreux pôles périphériques plus spécialisés, qui rayonnent à différentes échelles (locale, régionale, voire nationale et au-delà) et participent de la centralité de la métropole parisienne à l’échelle globale.

La métropole francilienne est donc plus multipolaire que polycentrique. Les premiers résultats des recherches du programme tendent à montrer que cette analyse, portée le plus souvent par des économistes et des aménageurs, a des échos en matière culturelle. L’Ile-de-France comprend un grand nombre de pôles culturels et artistiques, qui ne se résument pas à ses industries créatives, aux équipements (ou aux événements) publics. Ces pôles ne sont pas sans effets sur leur environnement immédiat, ni sans capacité d’attraction à distance. Pour autant, construisent-ils de la centralité urbaine ? A quelles conditions ? Réciproquement, les dynamiques artistiques et culturelles de ces pôles peuvent-elles s’autonomiser du centre historique, de ses lieux et de ses acteurs ? La production culturelle qui s’y opère est-elle toujours dépendante du centre pour accéder à la reconnaissance et se diffuser dans un espace supra¬local ?

Si la géographie des polarités décrit des “ pleins ” dont on interrogera les effets et l’ancrage, on pourra s’intéresser également aux “ vides ”, c’est-à-dire aux espaces ni polarisants, ni polarisés, qu’ils témoignent de pratiques qui échappent aux lois de l’attraction culturelle, ou qu’ils désignent des situations de déshérence, voire de désarroi culturel, là où récemment encore, on croyait déceler des émergences ou l’amorce de réseaux. Sont-ils d’ordre résiduels ou constituent-ils la contrepartie des mécanismes de polarisation évoqués plus haut ?

Les projets d’aménagement en réflexion ou en cours de mise en œuvre à différentes échelles (SDRIF, Opérations d’intérêt national, Opérations de rénovation urbaine) accordent fréquemment une place importante à la culture. L’excellence culturelle, l’implantation d’industries culturelles et d’équipements phares, les interventions artistiques dans l’espace urbain constituent des éléments communs d’une stratégie de reconquête et de développement urbain. Les questions posées, relatives aux relations entre polarité culturelle et centralité urbaine, intéressent de ce fait aussi bien les acteurs culturels que ceux de la planification et de l’aménagement.

Calendrier et modalités de réponse
Faisant suite aux sessions de l’automne 2005 et du printemps 2006, une troisième et dernière session est organisée à la fin du 1er semestre 2008 .Les propositions de recherche doivent être présentées selon le modèle prescrit ci-dessous et parvenir obligatoirement au plus tard le 16 mai 2008 en version électronique aux trois destinataires suivants :

• Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, Service du développement et de l’action territoriale,

Jean-Pierre Reismann, courriel : jean-pierre.reismann@culture.gouv.fr

• Ministère de la culture et de la communication, Mission de la recherche et de la technologie,

Hélène Hatzfeld, courriel : helene.hatzfeld@culture.gouv.fr

•Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables, Plan urbanisme construction architecture,

François Ménard, courriel : francois.menard@developpement-durable.gouv.fr

Une version imprimée des propositions devra être adressée en copie à :
Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, Service du développement et de l’action territoriale, 98 rue de Charonne, 75011 Paris, à l’attention de Jean-Pierre Reismann. Trois documents doivent être fournis :

a. Proposition (12 pages maximum)
Projet
• Question(s) de recherche traitée(s), hypothèse(s) et résultats attendus
• Terrain(s) d’enquête(s) ou échelles d’analyse (ancrage territorial en Ile-de-France, comparaisons…), méthodologie et principales étapes de la recherche (calendrier)

Valorisation envisagée
• Valorisation scientifique (régionale, interrégionale…)
• Valorisation en direction de l’action publique

Équipe(s) mobilisée(s)
• Composition, temps affecté à la recherche et responsabilité de chaque membre de l’équipe et de chaque partenaire (joindre un CV des principaux membres et partenaires ainsi qu’une présentation synthétique du laboratoire ou de l’organisme coordonnateur de la recherche).
• Participation effective ou prévue à d’autres programmes de recherche régionaux, nationaux et européens (sur ces mêmes thèmes)
• Partenariat envisagé avec des administrations, collectivités locales ou des professionnels

Budget prévisionnel détaillé

b. Fiche récapitulative de la proposition (1 page)

  • Titre de la proposition
  • Nom du responsable scientifique (titre, fonction, organisme, adresse, téléphone,    mail)
  • Composition de l’équipe scientifique (chercheurs, organismes)
  • Équipes associées et/ou partenariat avec des acteurs locaux ou régionaux
  • Budget prévisionnel total (T.T.C.) et financement demandé (T.T.C.)
  • Cofinancements et organisme(s) cofinanceur(s), s’il y a lieu :
  • Durée de la recherche (18 mois maximum) :
  • Résumé de la proposition en _ page (objectifs, méthodes et résultats attendus)

c. Fiche de renseignements administratifs

Intitulé du projet

Désignation de l’organisme contractant

  • Raison sociale ou dénomination sociale
  • Adresse complète postale et électronique, numéro de téléphone et de télécopie
  • Forme juridique et N° SIRET, Statuts
  • Prénom, nom, fonction de ou des personnes ayant qualité pour engager l’organisme en matière de contrat.

Désignation de la personne responsable scientifique du projet

  • Prénom et nom, titre et fonctions
  • Organisme, laboratoire
  • Adresse complète postale et électronique, numéro de téléphone et de télécopie

Coût prévisionnel des travaux (montant H.T, TVA et T.T.C. sans arrondi)

Montant du financement demandé (T.T.C.)

Durée de la recherche en mois